Non. Les collectivités et les contribuables locaux ne sont pas des vaches à lait ! (3)

Ces dernières années, plusieurs villes françaises, plus récemment diverses grandes métropoles européennes, ont fait face à de terribles attentats terroristes, principalement en des lieux publics. Les modalités d’attaque des agresseurs, cherchant à toucher le plus grand nombre de victimes, ont légitimement fait croître l’inquiétude et de fait renforcé les préoccupations liées à la sécurité.

Qui pourrait le contester ? Tout doit être mis en œuvre pour éviter que de nouveaux drames ne se reproduisent. Plans Vigipirate, état d’urgence, contrôles renforcés aux frontières, dans nos gares et nos aéroports… autant de mesures prises dont on ne saurait nier le bien-fondé.

Dans le même temps, l’Etat a accru de manière drastique, les contraintes pesant sur les collectivités locales, tout particulièrement pour toutes celles organisant des manifestations populaires (Tour de France, 14 Juillet, bal du 15 août, fêtes locales…). Au point parfois d’en interdire la tenue, les conditions de sécurité n’étant pas réunies.

De nombreuses communes se sont ainsi trouvées dans l’obligation de mobiliser moult agents municipaux les soirs et week-ends festifs, de procéder à des aménagements de nature à limiter les déplacements, à implanter des dispositifs mobiles pour bloquer certains accès….

Une fois encore, voilà une dépense nouvelle, qui chiffre souvent très vite, à la charge des communes. Depuis le début de l’année, c’est par exemple près d’un million d’euros qui aura été consacré par la ville de Bordeaux à la sécurité. A Sarlat, cette même contrainte est estimée à près de 55 000 euros.

Et cela n’est qu’un début, dans la mesure où l’Etat en est aujourd’hui à solliciter des communes la mise en place de mobiliers qui permettraient, en certaines circonstances, d’empêcher le passage de véhicules. Dans le contexte particulier de Sarlat, de son secteur sauvegardé et de la multiplicité de ses petites ruelles, le coût estimatif, selon les modalités retenues, varie entre 150 et 300 000 euros !!

Même s’il ne s’agit, en aucune manière, de contester la pertinence sur le fond, d’une telle volonté, n’assistons-nous pas, à un nouveau transfert de l’Etat vers les collectivités locales ?

Faut-il le rappeler. Parce que la sécurité est un droit fondamental (article 2 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789) et l’une des conditions de l’exercice des libertés individuelles et collectives, elle constitue, à ce titre, une mission régalienne et relève de la responsabilité principale de l’Etat, lequel doit en assurer l’effectivité sur l’ensemble du territoire de notre République « une et indivisible ». Nous pourrions même ajouter que la sécurité des citoyens est probablement la première des missions de l’Etat, devant l’éducation.

Au terme de ces propos, nous le voyons bien. Diminution des dotations financières de l’Etat aux collectivités locales ; transferts de compétences de l’Etat vers celles-ci (sécurité, rythmes scolaires, cartes d’identité et passeports, urbanisme, APA…) ; diminution des recettes par l’exonération de la taxe d’habitation pour 80 % des foyers…. C’est vers un étranglement des communes que nous nous dirigeons.

Pour quels services publics demain ? Pour quelle qualité de vie dans notre milieu rural ? Et, à bien y regarder, c’est d’abord de l’avenir de nos territoires et de ses habitants dont il s’agit.

 

Franck Duval ( article paru dans la presse locale le 05/10/2017)

Une réflexion sur « Non. Les collectivités et les contribuables locaux ne sont pas des vaches à lait ! (3) »

  1. Merci Franck pour ce bel article objectif et documenté …espérons que l’ETAT va enfin jouer son rôle ( ce dont je doute, empressé qu’il est à essayer de boucler ses fins de mois ..! sur notre dos à tous )

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