L’islam et la République

 Dialoguer, comprendre, agir ensemble, sont sans nul doute des valeurs essentielles, alors que le sentiment de stigmatisation progresse depuis plusieurs années.C’est l’une des raisons qui a prévalu à l’organisation, il y a quelques semaines, à Sarlat, d’une rencontre ouverte au public, qui s’est tenue dans un esprit très constructif.

A un moment, il faut bien le dire, où de nombreuses questions sont posées sur l’Islam, la voix éclairée de Tareq Oubrou, Imam de Bordeaux, aura d’abord permis de lever certaines incompréhensions, mais aussi d’ouvrir des pistes.

La France compte environ 5 millions de musulmans. Ce chiffre résume à lui seul l’enjeu que constitue l’intégration de ces personnes, de confession musulmane, dont une très grande majorité détient la nationalité française.La première erreur serait de considérer ces musulmans comme un bloc, comme une communauté monolithique, au risque d’entretenir l’idée d’une politisation de l’Islam.La seconde, serait de ne pas faire la différence entre la religion musulmane qui doit trouver sa place au sein de notre république, l’islamisme et le salafisme dont il faut légitimement s’inquiéter des dérives sectaires et enfin le djihadisme qui doit bien évidemment être combattu sans relâche.

L’enjeu politique du débat sur l’Islam et la république est donc de parvenir à assurer aux citoyens français musulmans -qui vivent au quotidien à nos côtés en tant qu’amis, voisins, collègues de travail…- les possibilités pratiques de s’intégrer à la société française, tout en affirmant que cette intégration républicaine comporte un certain nombre d’exigences non négociables, en particulier la prééminence de la loi de la république sur la loi religieuse, en toutes circonstances (à l’école, au travail, sur le domaine public, dans nos services publics, à la maison…).

Dans ce contexte, si l’Etat n’a pas à s’immiscer dans l’organisation du culte musulman, il peut en garantir le cadre, dans le plein respect du principe de laïcité. A ce titre, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) doit être réformé et légitimé afin d’agir comme une courroie de transmission entre les associations culturelles, l’Etat et les collectivités locales.De même, en ce qui concerne le financement des lieux de culte, le principe de non-intervention étrangère doit être clairement posé. En effet, un véritable « Islam français » ne saurait voir le jour s’il est placé sous tutelle étrangère, au risque d’importer des lectures fondamentalistes incompatibles avec notre modèle républicain.La formation des Imams doit également être conduite en France et faire l’objet de diplômes reconnus par le CFCM, pour que les mosquées françaises n’aient plus à importer de l’étranger des prêcheurs aux vues souvent influencées par la pratique de l’Islam dans leur propre pays d’origine.

Au-delà de ces questions institutionnelles, il revient aussi aux français musulmans de vivre pleinement leur foi dans le cadre des traditions héritées depuis des siècles et qui ont façonné la culture française.

Entre les partisans d’un multiculturalisme béat et ceux d’un choc inévitable des civilisations, il existe une troisième voie, celle de l’affirmation d’un Islam français, pleinement compatible avec les valeurs exigeantes et protectrices de notre république. A nous de relever, ensemble, ce défi de construire une société apaisée et fière de son identité.

 

Franck Duval.( article paru dans la presse locale le 18/06/2015)

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