La réforme du collège confond l’égalité avec le nivellement par le bas

 

Le gouvernement vient d’engager une réforme qui, une fois de plus, divise au lieu de rassembler. Il s’agit de la réforme du collège, qui met à l’œuvre une vision purement idéologique de l’école de la république et conduit inévitablement à un nouveau renoncement, celui de l’accès du plus grand nombre à la connaissance, ainsi qu’au reniement de notre exception culturelle.

Personne ne conteste l’opportunité, pour ne pas dire l’urgence, d’engager une réforme de notre enseignement s’il s’agit d’assurer une transmission plus solide des savoirs fondamentaux, s’il est question d’éviter que 150 000 jeunes sortent chaque année de l’école sans diplôme ni qualification. Mais rien, dans la réforme, ne va dans ce sens.

Toutes les études, toutes les enquêtes, les témoignages des enseignants tirent le même constat : un affaiblissement du niveau de nos élèves. Or, cette réforme, ne fixe aucun cap pour le redresser.

La réforme dilue une part des enseignements fondamentaux dans « des enseignements pratiques interdisciplinaires » !! De quoi s’agit-il ?? Pour nous expliquer, la Ministre chargée de ce grand soir, nous traduit cette nouvelle notion : les deux professeurs d’histoire et d’espagnol pourront par exemple inviter ensemble leur classe à rédiger un tract sur les vertus du développement durable ! Là où il y avait des œuvres, il y aura des tracts…

Nous pourrions naturellement vivre sans Homère, Montaigne ou Racine. Et leur substituer -au nom d’une certaine cause- des circulaires administratives, des publicités commerciales, des tracts, toute une panoplie d’usines à gaz au bord de l’hébétude.

Nos enfants, car telles sont les vraies questions, sauront-ils bien lire, rédiger correctement, résoudre un problème, connaîtront-ils l’histoire de leur pays, auront-ils des bases en sciences, maîtriseront-ils au moins correctement une langue étrangère ? Voilà les sujets esquivés.

Pourquoi ne pas profiter de cette réforme pour enfin mettre un terme au collège unique. L’apprentissage est en baisse continue en France. Nous comptons 300 000 apprentis, alors qu’en Allemagne, les deux tiers des jeunes choisissent une formation duale école-entreprise. Rien n’est prévu pour rattraper ce retard alors qu’il pénalise les jeunes qui rentrent sur le marché de l’emploi et tend à exclure tout simplement certains de notre société.

Quand les choses vont mal, il ne faut pas hésiter à le dire. Ce que font de nombreux enseignants, les parents d’élèves, des intellectuels de renom, 221 parlementaires, qui ont exprimé des inquiétudes légitimes. La majorité balaie cela d’un revers de main ayant décidé de se faire le chantre de l’égalitarisme contre l’intérêt de la nation autour d’une priorité cinglante : « on ne peut concevoir que certains élèves aient plus de culture que d’autres »… Terrible.

Faute de tirer les élèves vers le haut, le gouvernement fait le choix de tirer tout le monde vers le bas.Condorcet disait que « l’excellence est la plus haute forme de l’égalité ». Au pouvoir, M. Hollande l’a oublié. Le dénigrement de soi est à la source de sa vision de la France.

Je crois, comme beaucoup d’entre vous, tout au contraire, à la fierté nationale, à l’enseignement de notre histoire, à la valorisation des grandes figures de la nation, à la réussite au mérite. Comment accepter que le siècle des Lumières, l’un des piliers de notre esprit national, devienne un « enseignement facultatif » (!!!???).

L’avenir de nos enfants est tout simplement en jeu. Ne laissons pas dépérir nos biens les plus précieux : notre langue, notre histoire, notre culture, nos enseignements fondamentaux… Notre exception culturelle.

Franck Duval.( article paru dans la presse locale du 21/05/2015).

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